Nous nous adressons à toi, adhérent de la CFDT, parce que l’accord que le bureau national de la CFDT à l’unanimité vient de signer le 17 janvier nous apparaît comme une véritable bombe à fragmentations contre le droit social, l’emploi et la nature du syndicalisme. Tu trouveras l’analyse que nous en faisons en pièce jointe. Nous avons tant de questions à te poser, car hier, en 2010, nous manifestions ensemble contre le plan Fillon tant désastreux pour les retraites.
En signant un accord avec le Medef, la direction nationale de la CFDT et deux organisations syndicales à la représentativité incertaine - CFTC, et la CFE CGC, auraient à elles seules « ancrer le rôle de la démocratie sociale dans la modernisation de notre pays », selon la déclaration du bureau national de la CFDT. Cette autoglorification suscite les déclarations sur le « rôle historique » de cet accord.
Un syndicalisme de médiation et de gestion des dégâts sociaux
Connais-tu l’impact réel de cet accord sur le syndicalisme ? La démocratie sociale selon le Medef et la direction de laCFDT se présente dans l’accord et ses annexes de cette façon :
- Les délégués au CE et les DP seront informés sur les « options stratégiques de l’entreprise » dans la seule mesure de leur serment de confidentialité. Si bien que les délégués seraient muselés, surtout en cas de restructuration, cession, licenciements.
- Les mêmes délégués, selon un schéma en annexe concocté par le patronat, intitulé « Partager les options stratégiques de l’entreprise pour initier les discussions sur la création et la répartition de valeur dans l’entreprise », échangent leur serment de confidentialité contre un accord de fond, qui implique un changement de nature du syndicalisme !
- Ainsi, le Medef a obtenu de partager avec les syndicats les options stratégiques de l’entreprise, dont les objectifs se résument à « son positionnement sur son marché ». La direction de la CFDT a ainsi choisi pour tout le syndicalisme qu’il devait donner la priorité absolue non plus seulement à la « compétitivité », mais à la conduite patronale. Vu les erreurs stratégiques, la nocivité d’une finance toute puissante et la destruction industrielle en cours, voilà un choix relevant de joueur de casino plus que de la représentation du Travail !
- Pourtant, « les impacts organisationnels et sociaux » de ces options patronales définiraient l’attribution du syndicalisme, défini comme expert en dégâts sociaux, médiateur auprès des salariés de l’inéluctabilité des conséquences néfastes de la gestion patronale, dont l’un des records les plus glorieux consiste à avoir créé plus de 5 millions de chômeurs et avoir ériger la précarité en principe.
- L’accord Medef CFDT va plus loin encore, puisqu’il codifie la répartition de la valeur créée selon une hiérarchie patronale : les cotisations sociales, les salaires, la formation, les conditions de travail sont traitées selon le principe de « l’investissement de l’employeur », le dogme syndical que la CGT devrait reprendre. Une prime est donnée à l’épargne, à l’actionnariat salarié et à la rémunération des dirigeants.
Nous te demandons :si la direction de la CFDT a choisi de se dissoudre dans la gestion patronale de l’entreprise, ce qui est son droit, as-tu été consulté ? Et en quoi peut-elle prétendre imposer ce même choix à la CGT ? La CFDT prétend-elle à ce point à l’hégémonie qu’elle impose à elle toute seule de parler au nom de tout le syndicalisme pour organiser d’en haut sa mutation en super Médiator et en expert social des faits et gestes du patronat ?